Un chercheur de l'INRA, Jean Luc Dupouey a modélisé l'impact du réchauffement
climatique en cas de doublement de la concentration de CO2 d'ici
2100 sur la répartition géographique de 70 essences composant la forêt française.
En tenant compte des précautions d'usage, c'est une forêt différente de
celle d'aujourd'hui, que laisse entrevoir cette étude. Son
but est de prévoir les zones favorables ou défavorables pour 70 espèces
d'arbres.
Ceci nécessite l'inventaire de la forêt d'aujourd'hui, la détermination des
limites climatiques propres à chaque espèce, la réalisation d'une carte des
sols, la prise en compte des contraintes que la composition des sols imposent
à la végétation et des paramètres météo influant sur la végétation :
température, précipitation, jours de gel, ensoleillement, etc...
Après réalisation du modèle, les simulation grâce
aux logiciels de Météo France prévoient le doublement du taux de CO2
d'ici 2100. En tenant compte du taux de variation actuel, cette valeur
pourrait être atteinte d'ici 2050. L'augmentation
moyenne de la température devrait atteindre 2 degrés, ce qui entraînerait
plus de pluies en hiver, surtout dans le nord, et moins en été, surtout dans
le sud.
La carte dessinée par l'ordinateur montre alors un bouleversement notable de
la répartition géographique des différentes essences. Ainsi plusieurs espèces
méditerranéennes, telles que l'olivier, pourrait atteindre Lyon. Mais les
espèces du Sud-Ouest, telle le pin maritime, connaîtraient l'expansion la
plus importante, passant de 17 % actuellement à 46 % en
2100. Tandis que le hêtre, présent actuellement dans les trois quart
du pays, se retrouverait relégué dans le Nord-Est. Les arbres de basse et
moyenne montagne partiraient à l'assaut des sommets, désertant le piémont
des massifs.
Il faut bien prendre conscience que la carte dessinée par cette étude permet
de visualiser les terrains favorables ou défavorables aux différentes espèces
d'arbres. Il ne s'agit en aucune façon de la carte de
la forêt française en 2100. Le déplacement des essences forestières
est en effet soumis à la mobilité des graines, aux plantations effectuées
par les forestiers, à la sélection naturelle et à l'évolution qu'aura le
changement climatique sur les pathogènes forestiers que sont les champignons
et les insectes.
Cette étude, en montrant l'évolution probable de la forêt française,
permettra aux différents acteurs de la sylviculture de s'adapter aux
modifications engendrées par le changement climatique prévisible.
Le hêtre pourrait disparaître de la plupart de nos forêts
d'ici 2100.